mardi 8 mars 2011

La pensée visuelle

perception des formes et pensée visuelle



La vision se sépare en deux phénomène : le sens (la vue) et la pensée.
Nous voyons, donc nous recevons une information, puis nous la traitons.
C'est à dire que la pensée corrige les erreurs ou les omissions de la vue, établit des concepts auxquels on se réfère pour rétablir la cohérence de notre vision.
Pour exemple :
Un objet éloigné paraît plus petit qu'il ne l'est en réalité, l'oeil voit cet objet petit, la pensée corrige et dit : « il est loin ».



Une table rectangulaire n'est que très rarement vue réellement comme un rectangle. En réalité nous voyons un trapèze plus ou moins déformé.
C'est la pensée qui nous fait corriger et dire : « c'est une table rectangulaire » : nous avons comparé ce que nous voyons à un instant précis à ce que nous savons sur les tables en général.
Ainsi, l'information reçue à été classée dans le concept des tables en général, et rectangulaires en particulier.
Ce système de classification établi par la pensée permet d'acquérir d'autres concepts toujours par comparaison.

Ainsi, le tabouret sera comparé à la table, et lorsque ce concept sera bien établi, jamais plus on aura besoin de cette comparaison pour dire : « voilà une table, et voilà...heu...un tabouret ».
Ceci est valable, mais d'une façon plus subtile, pour la totalité de la pensée humaine.

« L'âme ne pense jamais sans image » Aristote.


Notons que la démarche scientifique est très voisine de la démarche graphique.
L'homme de science « démonte » l'image de la réalité pour mieux en comprendre son fonctionnement et quand il a compris un mécanisme, cela lui permet de progresser dans la connaissance et de démonter un nouveau mécanisme plus complexe.
Un dessinateur utilise le même cheminement pour créer des formes qui n'existaient pas dans la réalité, bien que souvent, elles donnent l'impression d'être particulièrement bien imitées.
Par exemple dans le radeau de la méduse de Géricault, on « voit » les naufragés que Géricault n'a jamais vu, et surtout dans cette scène là..




Il existe une division arbitraire qui s'est établie entre les Arts et la Science, cependant la démarche intellectuelle est la même pour parvenir au même but : l'élargissement des connaissances.
Mais cette progression de la connaissance par la perception visuelle présente un grave défaut : ne sommes-nous pas tentés de classer certaines formes dans les concepts connus un peu trop rapidement ?

On voit un arbre , il est tout de suite classé « arbre », et on sait bien que c'est un arbre, du moins on croit bien le savoir...
Si on est amené à dessiner cet arbre, ne sommes-nous pas tentés de dessiner notre propre concept de l'arbre plutôt que cet arbre particulier ?
En d'autres termes, poussons-nous suffisamment l'analyse visuelle avant de poser le premier trait sur une feuille ?

Il semble que le fait de savoir dessiner ou pas, serait plutôt le fait de savoir pousser plus loin, ou non, l'observation, bien au-delà de la reconnaissance d'un concept visuel qu'on croit bien connaître.


Ce besoin d'imaginer est fondamental ! (n'oublions pas qu'imaginer signifie créer des images)

L'organisme est attiré de manière naturelle vers tout ce qui change et tout ce qui bouge.
Regardez fixement un point particulier de votre environnement, pouvez vous rester très longtemps sans que votre organisme superpose malgrè-vous de nouvelles images ?
L'homme à un besoin vital de modifier constamment son environnement et actuellement, de nombreuses industries utilisent pleinement ce besoin :
-le cinéma
-la littérature
-la musique
-et surtout la télé

L'Art est certainement né de ce besoin.



Pensée visuelle et expression au trait



Notre perception visuelle est basée sur la réception d'ondes lumineuses à l'intérieur de l'oeil.
La rétine transforme ces ondes lumineuses en ondes nerveuses qui sont acheminées jusqu'au cerveau par l'intermédiaire des nerfs optiques.

Les formes nous apparaissent donc d'abord comme des tâches plus ou moins précises qui restituent une « ambiance » lumineuse.

Si nous voulons préciser d'avantage cette perception, nous sommes amenés à distinguer la limite de séparation des formes entre-elles. C'est à dire à penser en terme de contours et une représentation de cette pensée visuelle nous conduit à nous exprimer au moyen de lignes, de traits.

L'objectif essentiel est donc de prendre conscience de l'existence de cette pensée visuelle afin de mieux pénétrer les formes pour mieux les réutiliser.

La lumière nous révèle les formes et les couleurs de la nature, sans elle tout est invisible.
Il est donc naturel de penser qu'on s'exprime d'abord par l'ombre, la lumière et la couleur.
Mais on risque de ne s'intéresser qu'à l'aspect de surface des choses, et d'être ainsi superficiel.

Le dessin au trait est une démarche abstraite, intellectuelle, quasi scientifique qui oblige à comprendre pourquoi la nature revêt certaines formes bien particulières plutôt que d'autres. Et cette compréhension, cette intelligence de la forme servira plus tard lors de l'expression en valeurs qui restitue le jeu de la lumière sur les volumes.

(les valeurs sont des qualités de lumières plus ou moins fortes allant du blanc au noir)



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